A la découverte de la littérature de jeunesse
Titre | Auteur - Illustrateur | Edition | Age |
D'or que landes ou l'étrange aventure d'Harvey Squire |
Denis Bretin - Tristan Michel | Syros | Dès 16 ans |
Harvey Squire est un jeune écossais de 10 ans qui vit sous le règne de la Reine Victoria. Fils du barbier du village, il effectue régulièrement des taches pour l'épicier du coin et, parfois même, pour son père trop saoul pour pouvoir exercer son métier convenablement. C'est ainsi que commence ce roman fait de mystères et d'énigmes. En effet, Harvey doit aller raser son premier visage, et il s'agit de celui d'un mort. Tache ingrate et ardue, qui va entrainer le jeune garçon dans une aventure bien étrange. Alors qu'il s'apprête à rentrer chez lui, Harvey entend une conversation qui ne le concerne pas : le mort ne serait pas mort de façon naturelle et aurait eu un trésor caché quelque part dans le manoir. A partir de ce moment-là, la vie du jeune garçon va être bouleversée et mêlée, contre son gré, à cette étrange histoire.
Le roman tient le lecteur de bout en bout pour démêler cette histoire mystérieuse et se débarasser de personnages les plus inquiétants. Le tout se passe durant les froids du mois de Décembre dans les paysages d'Ecosse, faits de marais, de brouillards épais et de landes infinies, au pied du mur d'Hadrien, source de nombreuses légendes. Une atmosphère inquiétante est présente de la première page à la dernière. A vous d'entrer dans les mystères des landes...
"Le tout premier visage que j'ai rasé dans ma vie était celui d'un mort.
"En voilà au moins un qui ne se plaindra pas", m'étais-je dit.
Mais je n'avais que dix ans et j'ignorais encore que les morts sont souvent moins dociles et tout aussi bavards que les vivants.
La reine Victoria était dans la vingt-cinquième année de son règne et le village écossais de Drinsdale s'apprêtait à fêter Noël.
La nuit était déjà tombée lorsque mon père me fit venir près de lui pour m'offrir mon cadeau. C'était une petite boite noire et sale, large de deux doigts et longue d'autant. A l'intérieur, la lame reflétait l'oeil avec lequel je l'observais.
- Tu sais où se trouve le manoir des Fearnwood ? La lande est leur jardin. La nuit est leur étang. Tu diras que le barbier est malade. Tu leur diras que tu es mon fils.
"Dépêche-toi maintenant. Les morts sont impatients de partir, mais pour se présenter devant la Vierge Marie, il faut être lavé et rasé.
"Demande l'argent avant. Le talc et le savon sont dans mon sac. Et s'il n'y a plus assez de savon ou de talc, tu pourras toujours prendre de la neige !
Puis il se mit à rire tout en finissant sa bouteille de gin. Sa tête rougeaude tomba sur la table. Il ronfla aussitôt.
C'était une nuit profonde et venteuse. Des bougies tremblaient derrière les fenêtres bien closes et l'odeur de la tourbe et du charbon flottait dans l'air glacé. Le manoir de Fearnwood était loin du village, perdu entre bois et marais. Je marchais sur le maigre chemin et je croyais entendre les grenouilles enfouies sous la vase chanter de bien curieux cantiques."
Titre | Auteur - Illustrateur | Edition | Age |
Breaking the wall | Claire Gratias - Olivier Balez | Syros | Dès 15 ans |
En regardant la page de couverture, vous avez sans doute compris où se passe cette histoire. Le lecteur est en effet plongé dans l'Allemagne de la Guerre Froide, du côté de Berlin Est, derrière ce mur infranchissable. Le contexte est on-ne-peut-plus réaliste et les personnages se succèdent, se croisent et finalement sont liés les uns aux autres. Le roman est construit autour de différents chapitres, chacun avec un genre distinct : les chapitres consacrés à Markus sont des récits à la 1ère personne ; ceux sur Klaus sont racontés par un narrateur extérieur ; le récit d'Anna n'est autre que son journal intime lorsqu'elle était toute jeune. Chacun se dévoile au fur et à mesure de l'histoire et le lecteur sent bien que ces trois personnages principaux sont liés à une histoire commune et tragique à la fois. Le mur de Berlin est lui aussi bien présent dans leur vie. Le lecteur découvre ainsi la vie dans Berlin Est à l'époque jusqu'à sa chute le 9 novembre 1989.
C'est un roman peut-être un peu compliqué à suivre de par ces trois récits mêlés et de par cette page d'Histoire. Mais le roman est, selon moi, fascinant et permet de découvrir cette grande ville allemande à travers ses différents quartiers. Je vous le conseille particulièrement pour les ados, mais aussi les plus grands...
"Prologue
Cela fait près d'une heure qu'il guette la femme blonde.
Il a commencé par arpenter le trottoir, passant et repassant devant son immeuble, puis est entré dans une cabine téléphonique où il a fait semblant de donner une série de coups de fils. Une vieille acarîatre et impatiente l'en a chassé après avoir attendu dix minutes plantée devant la porte, les bras croisés sous la poitrine, le regard assassin. Il s'est réfugié sur un banc du square d'en face et s'est positionné de manière à pouvoir continuer à surveiller l'entrée de l'immeuble.
La porte s'ouvre. Il se raidit, déjà prêt à se lever. Ses mains deviennent brusquement moites.
Fausse alerte.
Un homme en pardessus sort de l'immeuble , remonte son col, s'éloigne à petits pas pressés.
Un quart d'heure s'écoule. Le froid le saisit brusquement aux épaules. Il se lève, marche un peu dans le square, les poings enfoncés dans ses poches. Il ne doit pas être loin de neuf heures. Le pâle soleil du début de matinée a disparu derrière d'épais nuages venus du nord et un vent coupant s'insinue entre les rangées d'immeubles gris. Il frissonne. Se demande un court instant ce qu"il fait là.
La porte s'ouvre.
Elle apparaît sur le seuil.
Elle. La femme blonde. Il la reconnaît immédiatement."