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A la découverte de la littérature de jeunesse
A la découverte de la littérature de jeunesse
| Titre | Auteur - Illustrateur | Edition | Age |
| De l'autre côté de l'île | Allegra Goodman | Thierry Magnier | Dès 14 ans |
Pour commencer cette page voici un roman d'anticipation dont les thèmes sont proches des préoccupations des adolescents. En effet, il aborde la recherche d'une identité par son héroïne qui hésite entre conformisme et rebellion ; on retrouve le thème de soumission aux règles rigoureuses et dictatoriale d'une société soumise à la tyrannie de la "Mère nourricière" ; mais également celui - bien actuel - du respect de l'environnement, du recyclage, des déchets, du climat... Tous ces éléments me font penser que les jeunes lecteurs devraient s'intéresser à ce roman.
L'histoire est celle d'une jeune fille de 10 ans qui vit avec ses parents sur l'île 365. Tout y est organisé avec rigueur et tous les habitants doivent strictement obéir aux règles de vie imposées par la Mère Nourricière. Si quelqu'un ne les respecte pas, il disparaît mystérieusement pour ne jamais réapparaître, au point même que sa propre famille l'oublie peu à peu. Mais pour Honor les choses ne sont pas simples : ses parents refusent de se plier aux règles, alors qu'elle rêve de s'intégrer normalement dans la société. Honor va donc devoir, d'une part, prendre position contre la volonté de ses parents et, d'autre part, intégrer toutes les règles sociales.
"Tout ceci est arrivé il y a des années, bien avant que les rues soient climatisées. En ce temps-là, les gens jouaient dehors et dans de nombreux endroits, le ciel était naturellement bleu. Un jour, une fillette emménagea dans une maison des Colonies sur l'Île 365 dans la mer Tranquille.
Elle avait dix ans ; elle était petite pour son âge, mais résistante. Elle avait des yeux gris. Ses cheveux, naturellement bouclés, frisèrent encore plus à cause de l'humidité de l'île. Elle était née après le Déluge, dans la Huitième Année Glorieuse de l'Enceinte, et comme toute personne née cette année-là, son prénom commençait par un H. C'était un prénon rare, et au cours des cycles qui suivirent on cessa de le donner, mais à l'époque, il figurait encore sur les listes. Elle se prénommait Honor.
Sa maison se trouvait presque au niveau des barrières, près de la plage. Il y avait un rez-de-chaussée avec un salon et une minuscule cuisine, et un premier étage avec une salle de bains et deux chambres : une grande et une petite. Quand vous regardiez par la fenêtre de la petite chambre sur le devant, l'océan était si proche que ça faisait peur : heureusement, il y avait des barreaux aux fenêtres."
| Titre | Auteur - Illustrateur | Edition | Age |
| Sang Famille, Traque dans les Anglos-Normandes |
Michel Bussi | Des Falaises | Dès 17 ans |
Sang Famille est un roman policier bien ficelé dont le dénouement ne se laisse pas deviner avant les toutes dernières pages. L'intérêt réside dans l'intrigue qui est présentée sous deux angles différents. En effet, deux personnages mènent une même enquête en parallèle sans jamais se croiser. L'un, Colin Rémy, est un jeune adolescent de 16 ans qui recherche des traces de son passé et s'interroge sur la disparition de ses parents il y a dix ans. L'autre personnage mène lui-aussi son enquête : il s'agit d'un jeune étudiant qui passe son été sur l'île comme agent de sécurité municipal. Il s'ennuie quelque peu et, par goût des intrigues et par obstination, il va découvrir les mystères que recelle l'île de Mornesey. D'un côté, le lecteur suit le récit de Colin tel un journal intime et, en parallèle, il suit l'enquête de Simon par une narration classique.
Ce roman très réaliste est cependant assez long - 400 pages - et contient des références assez compliquées sur la géographie, l'histoire, le droit... C'est pourquoi je le conseille plutôt aux ados presque adultes.
"La lumière du phare des Enchaînés inonda tel un soleil soudain la pièce crasseuse. Brutal et éphémère. Une seconde à peine. Puis l'obscurité reprit le dessus, simplement percée du faible halo des lampes torches, que la poussière suffocante rendait presque gris. Comme si des milliers d'insectes grouillaient dans les fragiles rayons.
J'allais mourir là, dans ce décor immonde.
C'était une certitude maintenant.
Une seule dernière question me hantait : oseraient-ils me torturer avant d'en finir avec moi ? Jusqu'où étaient-ils prêts à aller pour me faire avouer ? Etaient-ils prêts à me mutiler, à inciser ma peau, à ouvrir des plaies béantes, à fouiller en moi, comme s'ils pouvaient en arracher les souvenirs qu'ils convoitaient ? A mains nues.
Violeurs de mémoire.
Tout était clair maintenant. J'avais reconstitué le puzzle, depuis quelques minutes. Toutes les pièces, une à une, s'emboîtaient, enfin. Je me souvenais de tout précisément.
A quel point s'en étaient-ils rendu compte ?
Le silence était total. Pas un bruit ne perçait de l'île de Mornesey à travers les épais murs de pierres. J'entendais seulement la lente respiration de mes bourreaux. Ils étaient quatre. Trois hommes et une femme. Autant d'adultes en qui, selon toute logique, j'aurais dû avoir une confiance aveugle. Cela avait été le cas, d'ailleurs.
Hélas."
| Titre | Auteur - Illustrateur | Edition | Age |
| Lombres | China Miéville | Au diable Vauvert | Dès 15 ans |
Zanna et Deeba sont deux jeunes londoniennes comme toutes les autres, avec leurs amis, leur collège, leurs vies d'adolescentes. Mais des choses étranges vont arriver : des appartions inexpliquées, des accidents sans grande gravité, des personnages et des inscriptions loufoques... Et puis un jour les jeunes filles découvrent un passage vers Lombres, une ville ressemblant quelque peu à Londres à ceci près que tout y est déformé. Elles vont dévouvrir un univers fantastique, mais mystérieux également. Un monde qui connaît un terrible ennemi : le Smog, sorte de fumée polluée qui envahit Lombres et que la Shwazzy va devoir combattre.
C'est donc un roman fantastique tel que les aiment les ados et qui est très créatif par une ville incroyable, des personnages hybrides... Cependant, c'est un roman de plus de 600 pages... à conseiller aux lecteurs habitués à ce type de lecture.
"Dans un immeuble ordinaire, attablé dans une salle des plus quelconques, un homme travaillait à des théories vraiment pas banales.
Autour de lui, ce n'étaient que produits chimiques, cartes et instruments de mesure, et livres. De véritables murailles de livres. L'homme les empilaient les uns sur les autres, tous ouverts, comme s'il en lisait plusieurs à la fois. Il méditait, prenait des notes, raturait, cherchait des réponses dans l'histoire, la chimie et la géographie.
Dans la pièce, on n'entendait que les grattements de sa plume, et de rares murmures d'illumination. Son travail n'avait, de toute évidence, rien de simple. Cela dit, les recherches devaient avancer, à en juger, par ce que l'homme chuchotait et par les points d'exclamation qu'il traçait.
Ce travail constituait le couronnement de sa longue carrière. Il était à ce point plongé dans ses réfléxions qu'il ne remarqua pas tout de suite que le jour diminuait - à vitesse anormale.
Une sorte d'obscurité envahissait les fenêtres. Une espèce de silence - plus que l'absence de bruit, la présence d'un calme menaçant - prenait possession de la pièce.
Quand l'homme finit par s'en apercevoir, il posa sont stylo et fit lentement pivoter son siège.
"Professeur ? C'est vous ? La ministre vous accompagne-t-elle... ?"
Aucune réponse. Dans le couloir, la lumière baissait toujours. Par le verre fumé de sa porte, l'homme constata que l'obscurité prenait forme. Se levant sans gestes brusques, il huma l'air et ouvrit grand les yeux.
Des doigts de fumée se glissaient sous la porte. On aurait dit des tentacules cherchant à pénétrer dans la pièce."
